“Le data journalism n’est pas que le traitement d’énormes volumes de données. Se réveiller chaque matin, faire le tour de la ville, lire et enregistrer les noms des contractants de toutes ces grandes constructions qui poussent au quotidien dans vos villes, c’est du journalisme de données. Combinée avec d’autres outils, la démarche peut parfois vous mener à d’intéressantes révélations que personne n’aurait imaginées. On n’a pas besoin d’être statisticien pour faire le journalisme de données”: Ceci était peut-être l’une des grandes leçons du workshop tenu à Nairobi en août dernier par Ukweli Coalition Media Hub avec Africa Uncensored sur les outils et pratiques en journalisme de fond. Une “vérité” partagée par Purity Mukami, journaliste kényane spécialisée dans “le data”, aujourd’hui travaillant pour le réseau mondial contre les crimes organisés et la corruption (Organized Crimes and Corruption Reporting Project, OCCRP).
Le workshop — centré sur un journalisme qui creuse, parfois révèle (à l’instar du OSINT, et des données bien-sûr), pour couvrir des sujets capables d’impacter la société — a vu la participation d’une dizaine de journalistes de l’Afrique des Grands Lacs, une des régions meurtries par des conflits politico-armés interminables, souvent (si pas toujours) liés à des conditions socio-économiques précaires.
Une semaine assez enrichissante en compagnie des formateurs aux profils aussi différents que complémentaires: John Allan Namu a la tête d’Africa Uncensored (média kenyan spécialisé dans l’investigation), Maxime Domegni (éditeur Afrique francophone du réseau mondial pour le journalisme d’investigation), Purity Mukami de l’OCCRP et Armel Gilbert Bukeyeneza, journaliste-auteur à la tête d’Ukweli Coalition Media Hub (centre média qui promeut le journalisme de fond en Afrique des Grands Lacs).
“Le workshop a ravivé notre passion pour l’investigation, ”s’est réjoui un des participants, avant qu’une autre ajoute : “J’ai personnellement aimé la confraternité des journalistes de Nairobi, le caractère social des formateurs. J’ai renforcé mon carnet d’adresse. C’est ma première fois d’arriver à Nairobi grâce à cette opportunité. Je vous promets que je vais produire un travail de qualité pour vous prouver que vous n’avez pas semé dans le désert. La formation était au-delà de mes attentes”.
Ce workshop a en effet permis aux participants de repartir plus motivés, mieux équipés, et prêts à relever les défis du journalisme d’investigation en Afrique des Grands Lacs, une région où le besoin de contenus approfondis se fait de plus en plus sentir.