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Au Burundi, un régime en crise et une jeunesse qui fuit le pays en masse

Juil 7, 2025

Reportage · À l’issue des élections législatives et communales du 5 juin, le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, a remporté 100 % des sièges à l’Assemblée nationale. Derrière ce résultat se cachent de profondes crises, économique et politique. Désespérés, des milliers de jeunes quittent leur foyer pour tenter leur chance dans les pays limitrophes.

Morose et délaissée pendant longtemps, c’est une ville dont l’éclat actuel ne peut passer inaperçu : située au centre du pays, l’ancienne capitale coloniale, Gitega, est devenue la capitale politique du Burundi en 2019. Elle est aussi et surtout la ville d’où est originaire l’actuel président de la République, Evariste Ndayishimiye. Gitega semble aujourd’hui profiter de plusieurs effets combinés, historico-politiques et géographiques, avec la construction de nouveaux hôtels un peu partout, l’ouverture de nouveaux business (particulièrement les magasins de matériaux de construction), dans le bruit quotidien des sirènes qui se relaient pour forcer le passage d’un ministre qui va à une conférence, d’un haut gradé de l’armée qui va visiter sa ferme, ou d’une haute autorité du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, de retour d’un meeting politique.

Le doute sur ce rayonnement s’installe quand le regard se détourne des grands chantiers de construction et se dirige vers les simples citoyens, dans les rues ou sur les collines. Nous sommes devant Matergo, l’un des nouveaux hôtels les plus prisés de la ville, où se succèdent autorités, diplomates, hommes d’affaires…. Deux véhicules sont garés côte à côte, trappes de carburant ouvertes. Un homme placé entre les deux en vide un pour en remplir un autre. « Le deal doit être intéressant, susurre un passant. L’acheteur lui a peut-être proposé cinq fois le prix normal, voire plus. C’est le nouveau business ici, si tu as une voiture. Tu fais la queue durant des jours à une station et si tu as la chance d’avoir le carburant, tu le revends à quelqu’un qui n’a pas ce courage. C’est cela le Burundi aujourd’hui. Mon pays va vraiment mal ! », poursuit l’homme en tournant la tête à droite et à gauche, pour s’assurer que ses propos ne tombent pas dans une oreille indiscrète.

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