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Corruption, vols, assassinats… Dans l’est de la RD Congo, le cacao finance le chaos

Juil 30, 2025

Enquête · Dans cette enquête, Ukweli Coalition Media Hub, plateforme d’investigation spécialisée dans la région des Grands Lacs, et ses médias partenaires Afrique XXI et Africa Uncensored, ont mis au jour un vaste réseau de trafic de fèves de cacao entre l’est de la RD Congo et l’Ouganda. Sont impliqués les armées congolaises et ougandaises, des fonctionnaires, des opérateurs économiques bien connus et des groupes armés, dont les Forces démocratiques alliées, ADF.

Envoyés spéciaux à Beni, Kasindi, Butembo, Mpondwe et Nobili.

22 novembre 2024, Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo. Le niveau de la rivière Lubiriha est à son plus bas niveau. Le cours d’eau sépare les deux villes de Kasindi-Lubiriha, en République démocratique du Congo (RD Congo), et de Mpondwe, en Ouganda. À cette saison, les deux rives sont séparées par guère plus de trente mètres d’eau. Les pistes alentour sont particulièrement surveillées par les Forces armées de la RD Congo (FARDC) et l’Uganda People’s Defence Forces (UPDF). Mais, contrairement à ce qu’il pourrait être attendu de ces deux armées nationales, leur objectif n’est pas uniquement de contrôler mais aussi de faciliter la traversée de centaines de personnes et de tonnes de marchandises qui échappent ainsi aux contrôles douaniers. Jour et nuit, le trafic se déroule sous leurs yeux et avec leur bénédiction en échange d’argent. Parmi les principaux produits de contrebande : la fève de cacao.

Le cacao est le premier produit agricole d’exportation de la RD Congo. Selon la Banque mondiale1, le pays a exporté quelque 63 971 tonnes de fèves en 2023, ce qui a généré 50 millions de dollars de taxes, d’après les données de la Banque centrale du Congo (BCC). Neuvième exportateur africain, la RD Congo est également le deuxième exportateur de cacao biologique vers l’Europe (premier client mondial) en 2023 avec 8 061 tonnes.

Depuis 2023, le cours mondial du cacao ne cesse de battre des records, poussé par de mauvaises récoltes en Côte d’Ivoire et au Ghana (premiers producteurs mondiaux) à cause du changement climatique. Son cours2 a été multiplié par trois sur l’année 2024, atteignant 11 675 dollars la tonne au 31 décembre 2024. Dans ces conditions, l’or brun attire plus que jamais les convoitises. Les groupes armés, qui pullulent dans l’est de la RD Congo, où est produite la grande majorité de la fève congolaise (notamment dans la région de Beni), et des exportateurs prêts à tout pour augmenter leurs bénéfices, se disputent cette manne financière. Ce business alimente la corruption des agents de l’État et exacerbe l’insécurité.

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